Pour préparer le débat public sur le projet de deux réacteurs nucléaires EPR2 à Bugey, la Commission particulière du débat Public (CPDP) que je préside, s’est attachée à rencontrer les acteurs et actrices intéressé.es et impliqué.es dans le projet. Nous avons ainsi rencontré près de 150 personnes, de tous horizons, au niveau local, régional, national et en Suisse. Cette étape préparatoire nous a permis de préciser ce qui constitue les enjeux propres de ce projet et les besoins des acteurs et actrices pour entrer dans le débat public.
Le premier de ces enjeux est celui de la participation aux échanges du public et de l'ensemble des acteurs, dans toute leur diversité, gage d'un débat public de qualité. Cela passe en premier lieu par la qualité de l'information mobilisée. Le public a besoin de repères face à une masse d’information souvent complexe et parfois controversée. Il s’agit du troisième débat public organisé sur des projets de construction d’EPR2 en 3 ans et le projet est présenté comme réplicable d’une site à l’autre. Dans ces conditions, il est important de se demander, “Qu’est-ce qui fait les caractéristiques propres au projet Bugey? Comment débattre de l’opportunité du projet et des alternatives?” Nous mettons donc en œuvre différentes modalités pour répondre à ces besoins que nous regroupons sous la question : “que faut-il pour venir en confiance participer au débat public ?”. La réunion publique d’ouverture sera consacrée à cette question et nous y présenterons notamment le comité de la donnée, chargé d’apporter un éclairage complémentaire sur les données plus controversées pour permettre au débat de progresser.
L’enjeu de l’aménagement du territoire nous apparaît important dans le cadre de ce débat. L’intégration du projet dans le contexte local et national, et plus spécifiquement sur le site du Bugey où se trouvent déjà quatre réacteurs nucléaires en cours d’exploitation, fera l'objet de questionnements et modalités dédiées.
Le projet d’EPR2 à Bugey est le premier à se trouver au bord d’un fleuve, le Rhône (les projets de Penly et de Gravelines se situent en bord de mer). La thématique de l’eau, notamment du point de vue des prélèvements d’eau du Rhône nécessaires au le refroidissement des réacteurs, de la disponibilité de cette eau en cas de sécheresse, en particulier du fait du dérèglement climatique, des rejets et leurs effets thermiques et chimiques, prendra toute sa place dans ce débat public. La localisation d’un projet nucléaire entre deux métropoles (Lyon à 35 km et Genève à 80 km) et l’organisation d’un chantier de grande ampleur sont également des aspects qui soulèveront des questions.
La CNDP a organisé, au cours de ces 25 années d’existence, de nombreux débats publics ou concertations préalables ayant trait au nucléaire. Nous en avons recensé une vingtaine. Pour donner de la visibilité aux données, échanges et points de vue accumulés, nous mettons en place un outil aidé par l’intelligence artificielle qui permettra à chacun d’accéder aisément à une information répondant aux questions posées. C’est le troisième enjeu de ce débat public : se donner les moyens d’échanger sur les spécificités d’un projet nucléaire. Il s’agit de pouvoir débattre des enjeux environnementaux, de santé, de sûreté, d’engagement dans la durée qu’il induit. La question du coût, déjà abordée lors des débats publics de Penly et Gravelines, sera de nouveau évoquée lors d’une réunion publique spécifique.
Les propositions d’orientation du débat par l’équipe du débat visent à structurer les échanges. Elles doivent permettre au plus grand nombre de trouver de l’information, claire et complète, pour entrer dans les échanges, formuler questions et avis. Elles ne sont pas exclusives, des questions et avis pourront être formulées sur d’autres thématiques. Nous avons pensé les modalités du débat sous le signe de la diversité et de l’inclusion pour que chacun et chacune puisse entrer facilement et à son rythme dans le débat.
- Publié le 13/01/2025
- Date de dernière mise à jour : 13/01/2025