Le projet en bref

La CNDP a été saisie conjointement par EDF (Electricité de France) et RTE (Réseau de Transport d’Electricité), pour un projet de construction de deux réacteurs de type EPR2 sur le site de la centrale nucléaire du Bugey, au bord du Rhône. Ce projet s'inscrit dans le cadre du programme d'EDF de nouveaux réacteurs nucléaires, qui prévoit la création de 3 paires de réacteurs de type EPR2, à Penly, Gravelines et dans le Bugey.

Nucléaire

EDF envisage de construire deux réacteurs nucléaires de type « EPR2 » (*« Evolutionary Power Reactor 2 » soit « Réacteur de puissance évolutif 2 ») à proximité de la centrale nucléaire du Bugey. Ce projet inclut l’adaptation par RTE du réseau haute tension de la zone, pour assurer le raccordement de ces nouveaux réacteurs avec le reste du réseau électrique.

En cas de poursuite du projet à l’issue du débat public, les travaux préparatoires pourraient débuter en 2027, avec pour objectif de mettre en service les nouveaux réacteurs à l’horizon 2040

La technologie EPR2

Pour ces nouveaux réacteurs, EDF a retenu la technologie de réacteurs à eau pressurisée. Cette technologie est la plus répandue dans le monde. Elle est utilisée par les 56 réacteurs nucléaires actuellement en exploitation en France et par l’EPR de Flamanville, en cours de mise en service.

La construction de paires d’EPR2 s’inscrit dans un programme industriel plus large porté par EDF, intégrant également les sites de Penly et de Gravelines, à partir des enseignements tirés du site de Flamanville.

La puissance électrique de l’EPR2 est de l’ordre de 1 670 mégawatt électrique (MWe). Selon EDF, elle permet à une paire de réacteurs EPR2 de produire l’équivalent de la consommation électrique actuelle de la région Normandie, ou la moitié de la consommation électrique de la région Île-de-France.

Pourquoi dans le Bugey?

Le projet de réacteurs EPR2 serait situé en région Auvergne-Rhône-Alpes et implanté à proximité de la centrale nucléaire de Bugey, la plus ancienne de France. La région Auvergne-Rhône-Alpes est la région française produisant le plus d’électricité d’origine nucléaire, avec 4 centrales nucléaires de production d’électricité (CNPE) d’EDF situées à Bugey, Saint-Alban, Cruas et Tricastin.

EDF a choisi de situer son projet d’implantation de la 3e paire d'EPR2 sur la commune de Loyettes, en bord de Rhône, en aval de la centrale nucléaire existante. En France, il s’agit du premier projet d’implantation de réacteurs EPR2 situé en bord de rivière. Ce site est aujourd’hui majoritairement composé de carrières et de terres agricoles.

Les enjeux du débat

  • Un projet dans l’Ain, en limite de 3 départements :
    • L’Ain : 663 000 habitantes et habitants
    • L’Isère : 1 280 000 habitantes et habitants
    • Le Rhône : 1 900 000 habitantes et habitants

    Le PPI (Plan Particulier d’Intervention) intègre dans la limite de rayon de 20 km, 121 communes sur les 3 départements, avec environ 350 000 habitantes et habitants.

    Entre 2 Métropoles « millionnaires » : 
    • Agglomération de Lyon, 1,4 millions d’habitantes et habitants : située à 40 km à vol d’oiseau du projet
    • Agglomération de Genève, 1 million d’habitantes et habitants : située à 85 km à vol d’oiseau du projet.

    Le projet se situe aussi à 85 km de Grenoble et Saint Etienne (2 agglomérations de près de 450 000 habitant·es), environ 60 km de Chambéry, Annecy, Macon, 100 km de Valence

  • Impact sur la qualité de vie locale (particulièrement en phase chantier)
    • Quelle cohabitation des 2 établissements nucléaires (plus de 10 000 emplois avec les étapes de « Grand carénage ») ?
    • Quelle pression sur l’emploi local et l’arrivée de nouvelles populations ?
    • Quelle adaptation de l’offre de logements ?
    • Mobilité : quelle alternative au « tout voiture » ? Quid des ponts ?
    • Quel impact paysager et quelle incidence sur une politique touristique en développement ?
    Proximité de la Suisse
    • Une position constitutionnelle vis-à-vis du nucléaire
    • Le rôle du lac Léman dans la régularité de l’étiage du Rhône
    • Quelle sûreté et sécurité dans un contexte géopolitique instable ?
    • Quel cycle de vie du combustible : de l’approvisionnement, à la gestion des déchets ?
    • Quel coût et financement ?
    • Quels engagements dans la durée et quelle gouvernance ?
    • Quelle prise en compte de la santé des riveraines et des riverains ?
    • Quel impact sur le contexte industriel de proximité et les sites SEVESO ? Et sur la proximité de l’aéroport de Saint-Exupéry ?
    • Le projet se situant sur des terrains d’anciennes carrières, sont-ils adaptés au projet ?
    • Quels risques d’inondation (Rhône et Ain) ?  …
  • Des réacteurs nucléaires EPR 2 au bord du Rhône
    • Nécessité de tours aéroréfrigérantes qui impacteraient le paysage
    • Questions d’étiage du fleuve liées au réchauffement climatique et des capacités de refroidissement des réacteurs existants et envisagés, dans un contexte de questionnement sur l’approvisionnement du fleuve et de besoins agricoles et industriels cumulés
    • Questionnements sur les rejets cumulés (économiques / population / pollution) et le réchauffement de l’eau, aujourd’hui et demain. Une mutation de la biodiversité ? 
    • Question de l’impact et de la suffisance et de la qualité des nappes phréatiques, pourvoyeuses d’eau potable pour les territoires voisins et l’agglomération de Lyon ?
    • Un tissu industriel dense et en particulier le voisinage proche du Parc Industriel de la Plaine de l’Ain (PIPA), accueillant des secteurs d’activités très diversifiés : 185 entreprises et  près de 8 000 emplois.
    • Une zone d’emploi considérée comme « tendue » dans l’Ain, avec des difficultés de recrutement et déjà des déplacements d’actifs important.
    • Des espaces agricoles et viticoles avec, entre autres, les plaines céréalières de l’Ain et la présence des productions et appellation (AOC) des vins du Bugey.
    • Un territoire accueillant aussi des sites touristiques de renom (Pérouges, la grotte de la Balme, le projet de maison du petit Prince…) et relevant d’une zone de loisirs pour les habitantes et habitants de l’agglomération lyonnaise (espace de promenade, de baignade, passage proche de la Viarhôna…).
    • Quelques projets à proximité : Rhône décarbonation, un pont sur le Rhône…
    • Des questionnements sur la redistribution de la fiscalité que pourrait générer le projet.
  • Publié le 13/01/2025
  • Date de dernière mise à jour : 13/01/2025