Atelier citoyen - Qualité de l'eau potable

Dernier atelier thématique du débat, la rencontre organisée le lundi 10 juillet en visioconférence a rassemblée environ une vingtaine de personnes. Parmi elles, des citoyens, des représentants de la société civile, d’associations et des professionnels du secteur de l’eau. Au travers de travaux de groupes, les participants ont eu l’occasion d’échanger, de questionner et de débattre des enjeux liés à la qualité de l’eau potable. L’objectif de l’atelier était de formuler des recommandations au SEDIF et à RTE.

19h - 21h30

En visioconférence

Les discussions de groupes étaient organisées autour de trois sous-questions :

  • Comment gérer les micropolluants avec des connaissances et une réglementation en évolution ?
  • Faut-il éliminer le calcaire et le chlore présents dans l’eau ?
  • Quelle qualité d’eau pour la consommation humaine ? 

Les échanges ont porté sur le besoin d’études complémentaires pour évaluer les impacts d’une eau sans chlore ni calcaire sur la santé humaine et mesurer les pollutions qui seront générées par la technologie membranaire. Les discussions ont aussi porté sur la nécessité d’agir sur la pollution en amont, sur l’adéquation du SEDIF avec la réglementation européenne et sur la gestion d’une eau potable de qualité très différente entre les territoires alimentés par la technologie membranaires et les autres.

En bref

Après un mot d’accueil par l’équipe du débat, Sylvie Thibert, ingénieure qualité de l’eau et gestion des risques sanitaire au SEDIF a fait un bref rappel en chiffre de l’accès à l’eau potable dans le monde et en France. Puis, elle a précisé que les réglementations sur l’eau potable, qu’il s’agisse des directives européennes et du droit français, se fondent toutes sur les recommandations de l’OMS. Elle a fait état de la qualité de l’eau en France, largement contaminée par les pesticides et les micropolluants. Elle a également détaillé le cas de chlorothalonil et de ses métabolites et souligné les différents programmes d’études actuellement menés par le SEDIF pour surveiller et analyser les pesticides connus et inconnus présents dans l’eau. Elle a souligné les atouts de la technologie membranaire pour traiter ces pesticides, en comparant notamment la qualité de l’eau potable de l’usine de Méry-sur-Oise où la technologie membranaire existe déjà et celles de Choisy-le-Roi et Neuilly-sur-Marne.

Raphaël Povert, responsable de la Cellule Eaux de l’ARS Ile-de-France a ensuite pris la parole pour détailler la procédure de contrôle de la qualité de l’eau. La qualité de l’eau est vérifiée à trois endroits : d’abord au point de puisage, puis au point de mise en distribution (soit après le traitement de l’eau) et enfin au robinet du consommateur. Il a fait état des dernières réglementations applicables sur le contrôle de la qualité de l’eau potable, en précisant que le Plan Eau comme les dernières directives européennes défendent de plus en plus une gestion préventive et sociale des eaux, pour identifier le plus en amont possible les risques et garantir un accès à l’eau potable tous. Il a conclu en s’exprimant sur le projet du SEDIF et en expliquant que l’ARS répond avant tout à un impératif de santé publique, ce qui ne lui permet pas de se prononcer en faveur d’une technologie de traitement plutôt qu’une autre.

Xavier Coumoul, professeur de toxicologie et de biochimie à l’Université Paris Cité a ensuite pris la parole pour rappeler l’historique de l’utilisation des pesticides, présenter l’état de la recherche sur les pesticides en France et préciser les réglementations européennes sur les pesticides. Pour faire le lien entre la santé humaine et l’exposition aux pesticides, il s’est appuyé sur les résultats de l’expertise de l’INSERM de 2021 qui établit un lien fort entre le développement de cancers et maladies neurodégénératives et l’exposition aux pesticides et pointe également d’autres effets systémiques. Il a conclu en soulignant l’impératif de soutenir financièrement la recherche française dans ce domaine, car elle conditionne selon lui un cadre réglementaire national et européen protecteur pour la santé. 

Le temps de présentations s’est conclu par l’intervention de Daniel Marcovitch, président de ARCEAU Ile-de-France, qui s’est exprimé sur le projet du SEDIF en contestant les chiffres sur les débits de concentrats présentés dans le dossier du maître d’ouvrage. Il s’est inquiété des conséquences du projet sur la solidarité entre les territoires amont et aval de la ressource : selon lui, la technologie membranaire génèrerait 10% de débits supplémentaires, fortement concentrés en polluants. Les usines situées en aval de celles du SEDIF seraient donc contraintes de gérer une qualité de l’eau altérée. Il a conclu en exprimant son opposition au projet du SEDIF car il s’agit selon lui d’un projet polluant, qui pose également question au niveau de son impact sur le prix de l’eau et sur une hausse de la consommation énergétique.

A la suite de ces présentations, les travaux en groupe se sont lancés. Répartis en trois salles virtuelles différentes, les participants ont travaillé tour à tour sur trois thématiques : micropolluants, calcaire et chlore et l’eau comme aliment.

Les comptes-rendus

Les échanges en salles virtuelles

Salle « Micropolluants : comment gérer les micropolluants avec des connaissances et une réglementation en évolution ? »

Les participants se sont questionnés sur les manières de consolider les connaissances sur les substances polluantes (pesticides, micropolluants), qui leur semble essentielle pour prévenir les pollutions, en amont (en interdisant leur utilisation) et en aval (en développement des solutions de traitement). Certaines personnes ont pointé des connaissances insuffisantes sur les polluants supplémentaires. Sur le plan scientifique, les méthodes analytiques actuelles ne permettent pas de tout analyser, même si la science avance. La recherche scientifique permet d’accumuler plus de données et faire évoluer la réglementation s’il y a un impact sanitaire.  Concernant le projet du Sedif, certaines personnes ont souligné la méconnaissance des intrants chimiques utilisés pour le nettoyage des membranes. Quelques personnes ont suggéré de développer des formes de contrôle sanitaire intérieur, c’est-à-dire que la qualité de l’eau au robinet soit directement évaluée par les citoyens. D’autres participants ont proposé de saisir l’ANSES pour évaluer les différentes molécules polluantes (métabolites et pesticides notamment).

Les échanges ont également porté sur la nécessité d’agir en amont : à la fois auprès des émetteurs de substances polluantes (agriculteurs et industriels) et au niveau des réglementations actuelles (plus contraignantes). Les participants ont proposé d’agir à l’échelle de l’aire d’alimentation de captage car elle permet d’avoir une approche plus vaste au niveau du bassin versant. D’une manière consensuelle, les participants ont questionné l’intérêt d’une solution technologique polluante et mis en cause le projet du SEDIF au regard de ses impacts potentiels sur la biodiversité et l’environnement.

Salle « Calcaire et Chlore : faut-il éliminer le calcaire et le chlore présents dans l’eau ? »

Les participants se sont accordés pour dire que le chlore et le calcaire ne sont pas des substances toxiques pour la santé humaine et que leur suppression relève du confort de l’usager. Ils ont rappelé les effets vertueux du chlore et du calcaire, qui permettent de maîtriser la qualité microbiologique de l’eau, et de protéger l’eau du contact avec les vieilles canalisations en plomb. Plusieurs participants se sont demandés si la suppression du chlore et du calcaire était souhaitable, alors même que l’OMS conseille de boire une eau avec ces deux minéraux et que leur présence dans l’eau garantie une eau potable jusqu’au robinet des usagers.

Quelques personnes ont rappelé que ces questions détournent de l’objet du débat : la priorité étant selon eux de minimiser au maximum les micropolluants présents dans l’eau et la surveillance des canalisations en plomb.

Salle « L’eau comme aliment : quelle qualité d’eau pour la consommation humaine ? »

Les participants ont débattu sur l’intérêt d’une eau calcaire du point de vue de ses effets sur la santé humaine : plusieurs se sont appuyés sur différentes études pour affirmer que la présence du calcaire dans l’eau est meilleure pour la santé, d’autres se sont inquiétés des risques d’une eau sous-minéralisée sur la santé humaine et du point de vue des réglementations européennes à venir pour garantir une eau un minimum minéralisée. Enfin, certains se sont demandés si les standards actuels de qualité de l’eau destinée à la consommation étaient suffisants.

Les échanges en salle

A la suite de ces restitutions, un temps rapide de réactions et d’échanges entre les représentants du SEDIF, les intervenants et les participants s’est lancé, avant de clôturer la soirée. Tania Charlotte a pris la parole pour soulever un enjeu non abordé au cours de l’atelier ou dans le dossier du maître d’ouvrage : la question de la présence de plomb dans l’eau.

La soirée s’est conclue par un rappel des deux dernières modalités du débat L’Eau Potable en Ile-de-France : l’Agora de l’eau le mercredi 12 juillet et le débat mobile du samedi 15 juillet à l'Eté du Canal à Bobigny.

Vous retrouverez très bientôt ici un compte-rendu détaillé de ce troisième et dernier atelier citoyen.

Les présentations des intervenant.e.s

  • Publié le 05/07/2023
  • Date de dernière mise à jour : 31/08/2023